Dernier CA rue de Trévise et Déménagement de Sciences Po Lille : l’école assume enfin sa fermeture aux couches sociales les moins favorisées


Quelle est notre position sur le déménagement ?

Les médias locaux en chantent les louanges : enfin une grande école publique qui retrouve sa place au cœur de la ville, dans des bâtiments dignes de son « rayonnement ». ll est vrai que les nouveaux locaux sont impressionnants: des grands amphis, des grands couloirs, une « salle du prestige » où auront lieu les prochains CA, on voit que les millions ont bien servi. Millions qui ne vont pourtant pas permettre à l’école d’augmenter le nombre d’étudiants qu’elle accueille ainsi que le nombre de professeur.e.s. qu’elle engage.

Et puis pas si publique que ça l’école, comme a pu nous le répéter M.Lengaigne à plusieurs reprises lors de notre visite du bâtiment, « nous nous privatisons malgré nous » : l’Etat se désengage de plus en plus chaque année, à savoir que nous avons encore perdu 100 000 euros de sa part cette année. Il va donc falloir trouver d’autres moyens de financement pour combler les trous du budget: locations de salles (1200 euros un amphi pour une journée), chercher d’autres partenariats avec le privé (Crédit Mutuel, Bouygues, etc…) dans la lancée du copinage avec BNP, ou augmenter les coûts d’inscriptions, pourquoi pas ? Surtout qu’il a été décidé par le collège directorial des IEP de Province que le concours en deuxième année sera supprimé à partir de l’an prochain. Même si on promet un plus grand accès en première année, on peut s’attendre à une retombée sur les étudiant.e.s.

A SUD Solidaires Etudiant.e.s, on est donc bien loin de nous réjouir de ce départ. On nous a prétexté que nous étions trop à l’étroit, pour en échange pouvoir investir des lieux et un quartier qui se gâte d’une image tellement élitiste, qu’il est difficile de regarder autour de soi sans en être très mal à l’aise.

Or quelle était la position politique de départ lorsqu’il avait été décidé d’installer Sciences Po Lille dans un quartier populaire? Peut-être une ouverture et une mixité sociale, non? Même si elles n’ont jamais véritablement été réalisées, il y avait la volonté de se démarquer en tenant une image un peu plus modeste. On ne vous apprend rien en vous disant que Sciences Po Lille reste une école où la majorité de la population reste de classe aisée et blanche, elle ne représente pas la société. C’est un beau message ce déménagement, à l’heure où les écarts de richesse se creusent, nous nous mettons un fort joli voile devant les yeux.

Du désengagement toujours plus important de l’Etat…

C’est lors du dernier CA (Conseil d’Administration) du 8 décembre que l’administration a pu se féliciter de ce départ, entre autre on se congratule de cette nouvelle bibliothèque, ouverte 7 jours sur 7, parfois jusqu’à 22h. Les postes à l’accueil étant supprimés dans les prochains locaux, remplacés par l’emploi d’un.e professionnel.le qui sera notamment chargé.e de garder un œil sur les caméras de surveillance (Lengaigne is watching you), les élu.e.s SUD ont interrogés la nouvelle conservatrice sur l’existence de future jobs étudiants dans cette bibliothèque. Elle en assuré la communication dès février, il est nécessaire que ces derniers sauvegardent les avantages des précédents.

Le point budget a ensuite été abordé, évidemment pas d’indignation lors de l’observation d’une baisse, pour encore cette année de 100 000 euros de la dotation générale financière, à savoir la principale dotation que nous donne l’Etat pour le fonctionnement de l’école. Le directeur nous a surpris d’un récent don de 63000 euros envers l’IEP, cette somme est évidemment une vaste blague face aux 500 000 euros qui nous avait été retirés l’année dernière. Ce recul de l’Etat est évidemment la porte ouverte aux financements extérieurs et l’administration ne se fait pas prier pour aller dans ce sens. C’est pour cette principale raison que les deux élu.e.s SUD ont voté une nouvelle fois contre le budget de cette année.

… Aux joies de la privatisation

Tout en restant sur le thème de financements extérieurs, notre cher ex-directeur nous a annoncé notre retour dans l’IDEX (Initiative D’EXcellence). Programme de financement de l’enseignement supérieur, il s’agit d’une subvention importante mais qui n’est pas distribuée à toutes les Universités, mais uniquement à celles dont le dossier est choisi par un jury international parce qu’il est le plus excellent. Nous critiquons fermement ce dispositif sur le principe : les universités, les étudiant.e.s, les chercheur.se.s n’ont pas vocation à être concurrentes mais bien plus à construire quelque chose ensemble. La société est suffisamment concurrentielle pour que nous y participions. Rappelons qu’aujourd’hui les différences d’appréciation de niveau entre les Universités et les écoles se font déjà par la perception de leurs différences de moyens. On sélectionne déjà les plus riches pour le rendre encore plus « excellents ». Nous votons évidemment contre cette entreprise.

La petite bonne nouvelle du CA, nous a été donnée par M.Mardellat : il y aura une baisse des frais d’inscription pour les FIFB, dû à une réforme du système britannique touchant ainsi l’Université Kent. Mais c’est sans compter sur le sens du business de M.Lengaigne, pour revenir à une logique d’école-entreprise, de nous proposer de nouveaux tarifs pour la Summer School qui montent jusqu’à  2700 euros pour 3 semaines en prenant en compte les frais de logement et de dossier pour les étudiant.e.s internationaux. Il y a déjà eu une baisse de 30% d’inscriptions l’année dernière à cause des attentats, il est encore plus étonnant de trouver encore des candidats à ce prix la. Nous avons demandé un tarif moindre pour les boursier.e.s, sachant qu’un étudiant de Sciences po Lille peut payer 1250 euros au maximum pour seulement 3 semaines. M.Mathiot a envisagé la possibilité mais nous n’a rien assuré. Les élu.e.s SUD ont évidemment voté contre un programme bien trop cher et donc excluant. Nous avons ensuite enchaîné sur la proposition de tarifs de formation continue : 3000 euros par personnes pour 57 heures, à l’attention de « Pharmaciens du régime minier souhaitant préparer le concours de pharmacien praticien conseil de la caisse nationale d’assurance maladie ». Notre opposition se repose sur le fait que ce genre de formation continue a seulement pour but de faire des bénéfices (recettes qui peuvent atteindre 300 000 euros par an) et ne correspond pas à un enseignement qu’est censé fournir l’IEP, la formation est droit qui devrait être gratuit et pas un service onéreux que rend un établissement censé être public.

Enfin la séance s’est conclue sur la location des bâtiments de la rue Angellier, nouvelle offre qui pourrait rapporter 20 000 euros par an à l’IEP. Des organismes extérieurs auront l’honneur de profiter de nos belles salles contre la modique somme de 1200 euros l’amphi pour une journée. Nous avons demandé un compte-rendu des noms qui séjournent chez nous. Espérons ne pas lire ceux du propres CA du Crédit Mutuel et autres entreprises privées.

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