Le bizutage n’a pas sa place à l’IEP (ni ailleurs !) 1


Jeudi 12 septembre, certaines associations de l’IEP (BDA, BDE, BDS) ont effectué leur traditionnelle « journée d’intégration » des premières années et entrées directes dans le centre de Lille. Au menu de la visite : œufs, farine et huile pour la tarte, le vin et la bière pour les boissons et de la mousse à raser faisant certainement office de crème chantilly. Le tout dispersé sur la voie publique. A tel point que la Mairie s’est plainte auprès de la direction de l’IEP de l’état des rues (en gros : c’est dégueulasse). Le personnel de nettoyage de la commune remerciera les étudiants. Nous n’argumenterons pas davantage sur le gaspillage alimentaire.

Ce n’est pas la première fois que des personnels sont forcés de réparer des « dégueulassages » qui sont le fait de certaines associations : « dégueulassage » de la cafèt et toilettes bouchés (pour plusieurs semaines) lors du CRIT 2013, Rue de Trévise dégueulassé lors de l’intégration il y a 2 ans. L’argument « Nous on est une nouvelle équipe, ce sera mieux avec neus » marche donc de moins en moins.

Un élément important est que, dans un e-mail envoyé à l’ensemble des associations de l’IEP, la direction a menacé les associations concernées de réduire leurs subventions (au moment de leurs renouvellements) en cas d’amendes à payer. Nous ne pouvons que soutenir cette initiative. Car ni les dotations publiques, ni les frais d’inscription ne doivent servir à réparer ce type de dégradations !

Surtout, nous sommes fermement opposés au principe qui est au cœur de ces journées d’intégration : le bizutage.

Combattre le bizutage

Attention : Rappelons que depuis la loi de 1998, c’est le bizutage, et non pas uniquement les excès qui y sont liés, qui constitue un délit, passible jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende. Jouer sur les mots entre « bizutage » et « intégration » est peut-être un argument juridique valable, mais ces 2 termes recouvrent des réalités très proches.

Dans des écoles (IEP, commerce etc.) ou certaines facultés (médecine etc.) où règnent un fort corporatisme, les bizutages de rentrée constituent un rite qui a pour rôle de renforcer le sentiment d’appartenance à l’institution. Ils sont particulièrement problématiques car ils se basent, dans leurs principes, sur des rapports de dominations par le biais d’activités dégradantes tournées sous forme de « jeux » . Les « participant.e.s » sont forcé.e.s à mendier, doivent se balader en ville le visage couvert de farine, sont attaché.e.s les uns aux autres… Ces humiliations (pouvant être doublées de comportements sexistes) sont d’autant plus fortes si l’un.e des étudiant.e.s refuse de se soumettre aux ordres des organisateurs.

Si tous ne vont pas jusque dans les mêmes excès (c’est souvent un des arguments avancé), l’instauration de ces « jeux » dans un contexte de rapports de domination, avec dans certains cas l’alcool, constitue un contexte qui peut y mener. Rappelons que tous les organisateurs avancent le même argument (« bon enfant », « différent d’ailleurs » etc.), ce qui n’empêche que certaines journées et week-end intégration se terminent tout de même par des actes gravissimes (violences graves, viols etc.).

Dans le cas de l’IEP cette année, outre les aliments sur les visages, on notera des cas d’épilation de poils de jambe (par la méthode douloureuse), comme l’arborent fièrement les Bureaux dans leurs photos facebook, ou encore des jets de « moules » provenant des poubelles sur les étudiant-e-s présent-e-s.

Enfin, l’argument que l’on oppose souvent est la libre participation à ces journées d’intégration. En réalité, la pression collective est telle que le libre arbitre n’existe pas. Le refus est stigmatisé. Les étudiant.e.s peuvent en effet craindre, en refusant de participer, d’être mis au ban de la communauté. De plus, le fond même de ces bizutages est malsain puisqu’il fait entrer en jeu la vengeance des bizuteurs, quant aux humiliations subies lors de leur première année.

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Merci à l’aide de Solidaires Etudiant-e-s Dijon pour la réalisation de cet article


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Un commentaire sur “Le bizutage n’a pas sa place à l’IEP (ni ailleurs !)

  • Taliesin
    C'est malheureux de constater que les "bureaux" de l'IEP s'y mettent aussi. On connait pourtant les graves dérives de ce genre de pratiques. Rappelons le cas de cet étudiant de Lille2 violé pendant un "bizutage" organisé par la FAGE l'année dernière.