Compte Rendu du CA du 08/10/2020


Après un peu de retard dont nous nous excusons, nous vous présentons notre compte-rendu complet et critique du Conseil d’Administration du 8 octobre 2020. Bonne lecture !

 

L’IEP confirme avoir transféré le dossier d’un étudiant non autorisé à redoubler pour qu’il continue d’étudier dans un autre ScPo, tout en sachant qu’il est un militant d’extrême-droite et accusé d’agression et menaces de mort sur des étudiantes

 

 

Nous avons retiré notre passage sur ce point du CA car Pierre Mathiot nous a menacé de poursuites judiciaires si nous le laissions. À la place nous vous proposons l’extrait (incomplet) du Procès Verbal validé par le CA du 10 décembre 2020:

 

« Madame Thétiot s’étonne par ailleurs qu’un étudiant affilié à des groupuscules d’extrême droite qui aurait dû être renvoyé de Sciences Po Lille, puisqu’il a été accusé à plusieurs reprises d’agression sexuelle et a proféré des menaces de mort homophobes, ait bénéficié d’un traitement de faveur en étant transféré à Sciences Po Lyon.

Monsieur Mathiot objecte que cet étudiant, qui a été lui-même menacé de mort par d’autres élèves, a été renvoyé de Sciences Po Lille non pour des raisons politiques mais parce qu’il n’avait pas validé sa deuxième année après avoir redoublé sa première année.

Monsieur Mathiot a reçu cet étudiant et, comme il a pu le faire avec de nombreux autres élèves de tout le spectre politique, a contacté Sciences Po Lyon, qui a accepté qu’il redouble sa deuxième année en son sein.

Monsieur Fichet souhaite savoir si la direction avait connaissance des faits qui étaient reprochés à cet étudiant avant de prendre contact avec Sciences Po Lyon.

Monsieur Mathiot répond que la direction n’a jamais été saisie officiellement au regard de ces accusations. Toutefois, ces dernières ont été portées à la connaissance de Sciences Po Lyon.

Madame Thétiot demande si le traitement bienveillant dont cet étudiant a bénéficié a un quelconque rapport avec le fait que son père soit un avocat important à Paris, sachant que, pour cette raison, il a été demandé à l’étudiante victime de menace de mort de ne pas porter les faits auprès du conseil de discipline de Sciences Po Lille.

Monsieur Mathiot rétorque qu’il s’agit d’un procès d’intention. Les propos de Madame Thiétiot relèvent de la diffamation, et il annonce qu’il portera plainte si ces propos sont affirmés publiquement. »

 

Une proposition de modification autoritaire du règlement intérieur de Sciences Po Lille : 

 

Il a été proposé d’ajouter au règlement intérieur :

“En période de crise sanitaire, quelle qu’en soit la nature (épidémique, climatique,environnementale, alimentaire, …), le directeur prend toutes dispositions permettant d’adapter l’accès, la circulation et l’usage des locaux afin de prévenir les conséquences de celle-ci. Ces dispositions sont prévues par arrêté.

 

Lors de la réunion pré-CA (où sont présent-e-s le directeur et les autres élu-e-s étudiant-e-s), nous avions dénoncé le potentiel autoritaire de ce genre de mesure qui permet au directeur de s’octroyer les “pleins pouvoirs” en période de crise, cette dernière pouvant être décrété par le directeur de façon arbitraire. 

Suite à ces critiques, M.Mathiot a proposé en CA d’ajouter une phrase afin que ces dispositions ne puissent être prise que suite à une décision gouvernementale. Malgré cela, nous avons pris la parole pour demander qu’une telle décision soit prise uniquement après consultation et vote du Conseil d’administration. Cette demande a été refusée et nous avons dénoncé la multiplication de ces articles dans les règlements intérieurs qui vont à l’inverse de ce que devrait être la “démocratie” universitaire. 

 

Nous nous sommes donc logiquement opposé-e-s et n’étions que 3 à voter contre cette modification.

 

Une modification du règlement de la CMI pour que les étudiant-e-s puissent avoir à rembourser leurs bourses

 

La direction en avait déjà parlé lors de la dernière Commission de mobilité internationale (CMI) en septembre et ce vote ne venait que officialiser leur réflexion. Celle-ci est assez simple : à cause de la crise sanitaire, certain-e-s étudiant-e-s ne vont pas partir en mobilité. Si iels ne partent pas, iels devront rembourser les bourses attribuées en CMI. 

 

Dès la première CMI nous nous sommes totalement opposés à cette idée et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sur le principe même, il nous paraît totalement inconcevable de reprendre des bourses déjà attribuées. De façon plus pratique, il existe des dépenses faites avant que l’on parte effectivement en mobilité (réservation d’un logement, billets d’avion parfois aller et retour etc) et qui ne sont pas remboursables. A cela on nous a rétorqué que tout se ferait “au cas par cas” et que l’on ne reprendrait les montants attribués qu’aux personnes qui décideront de ne pas partir alors qu’elles le peuvent. 

 

Cependant, la proposition de modification du règlement de la CMI était selon nous trop vague et pouvait englober trop de situations comme vous pouvez le voir dans cet extrait “les bourses versées sur fonds propres peuvent être suspendues et/ou des remboursements peuvent être demandés en cas d’annulation ou de raccourcissement de la durée de la mobilité.”. Les étudiant-e-s ne sont en aucun cas responsables de la crise sanitaire actuelle et pour beaucoup cette troisième année est tout simplement gâchée, iels ne doivent donc en aucun cas être mis en difficulté et pâtir encore plus de la situation sachant en plus que l’IEP a très largement les moyens de décider de ne pas reprendre ces bourses. 

 

Nous avons donc décidé de voter contre cette modification, et étions les seul-e-s à le faire. 

 

Un nouveau remplacement pour une Section disciplinaire introuvable :

 

Alors que la section disciplinaire avait enfin réussi à être au complet l’année dernière (condition essentielle à son rassemblement), le départ d’un-e représent-e des enseignant-e-s il y a quelques mois ne lui permettait plus de se rassembler. Cédric Passard s’est donc proposé pour siéger à la section disciplinaire et est élu à l’unanimité, nous avons voté pour ce remplacement. 

 

Nous avons néanmoins attiré l’attention du conseil sur la situation disciplinaire : deux étudiants attendent depuis deux ans de passer en section disciplinaire pour des actes graves, notamment des blagues sur le viol d’étudiantes en WEI, et en dépit du fait que la section eût été complète l’année dernière, aucune procédure n’a été lancée. M. Mathiot a répondu à cela qu’il n’a pas eu le temps, que ces procédures sont longues et que l’année a été interrompue par le confinement. Nous avons répondu par les textes légaux qui encadrent la section disciplinaire : il n’y a pas de délai particulier pour lancer une procédure (il faut simplement que le directeur de l’établissement envoie une lettre au président de la section pour enclencher la procédure). Pourquoi avoir donc laissé trainer ces affaires ? Surtout que les étudiants concernés, désormais en quatrième année et cinquième, ne pourront plus passer en section disciplinaire s’ils ne sont plus étudiants à l’IEP. 

Audrey Linkenheld, première adjointe à la Mairie de Lille, a apporté son soutien à notre intervention et propose de prendre des mesures envers ces étudiants accusés de faits graves avant même que la section puisse se réunir. Même le président du CA se dit favorable à la réunion rapide de la section pour régler ce problème bien qu’il ne s’associe pas à notre “wording”. Pierre Mathiot conclu en disant que la section se réunira bientôt et qu’il enverra “d’autres lettres”, semblant ainsi insinuer que d’autres procédures allaient être lancées. 

 

Face à l’impossibilité de partir en 3A, une (peut-être) solution : la césure – études 

 

Il est clair que cette année, énormément de personnes n’ont pas pu partir à l’étranger pour leur année de mobilité. A cela s’ajoute malheureusement une injustice et un profond fossé entre d’un côté les étudiant-e-s qui ont pu partir et de l’autre des personnes obligées de rester en France, parfois en stage dans des conditions difficiles ou au domicile familial en suivant un campus virtuel. Il n’y a évidemment cette année pas grand chose à faire pour palier à cela. Cependant, nous avons tenté de réfléchir à une solution pour que les personnes n’ayant pas pu partir cette année puissent le faire à un autre moment. 

 

Nous avons ainsi pensé à une année de césure-études qui se déroulerait entre la 4ème et la 5ème année (comme l’année de césure actuelle). Nous avions réfléchi celle-ci de la même façon que se déroule actuellement un redoublement de 3A actuellement : les étudiant-e-s de 4A intéressé-e-s auraient pu être classé derrière les 2A pour les choix de destination et donc partir en même temps qu’elleux. 

Malheureusement cela n’apparaît pas si simple. La direction nous a en effet expliqué que lorsque nous sommes en Master nous sommes inscrit-e-s comme “graduated” tandis qu’en 3ème année nous le sommes comme “undergraduated”. Ainsi, l’IEP accueille des étudiant-e-s étranger-e-s de niveau “undergraduated” et pas “graduated”. Il est donc pour l’heure impossible pour des personnes en Master de bénéficier des partenariats de 3A. On nous a malgré tout indique qu’il serait possible de prendre rendez-vous avec la direction pour en parler.

 

Nous avons cependant été un peu choqué quand, en réponse à notre proposition, on nous a très simplement rétorqué qu’il y avait déjà des étudiant-e-s qui partaient en année d’études en césure… En effet, si un-e étudiant-e part à l’étranger pour ses études pendant sa césure iel doit s’acquitter des frais de scolarité de l’université qui tournent tout de même autour des 10 000€ la plupart du temps, ce n’est donc très clairement pas une possibilité envisageable pour toustes… La direction a par ailleurs râlé lorsque nous l’avons fait remarquer, expliquant que cela coûterait “une fortune” si cela devait être gratuit pour les étudiant-e-s.

 

A Sciences Po, on forme les liquidateur-trice-s de l’hôpital de demain !

 

Un vote sur le prix de formations continues (formations pour les travailleur-eus-es de différents secteurs, généralement payantes) a attiré notre attention. Ce vote, non mécontent déjà de valider la création de formations à 2900 euros la semaine dans le cadre d’un établissement supposé public, nous a aussi alerté quant à une des formations proposées, le “Cycle des Hautes Etudes Régionales en Santé”. Ce cycle de formations est destiné aux cadres et médecins de l’hôpital et comprend dans son programme des modules aussi chouettes que “Être manager dans un hôpital en transformation”. Ces parties de programme aux forts relents de start-up nation nous inquiète fortement, les nouvelles techniques de management prônées dans l’hôpital public étant une des responsables directes de l’état misérable de l’hôpital public en France. Celui-ci manque chroniquement de moyens et d’effectifs, ce qui s’est vu lors de la récente crise sanitaire, et le nouveau management ne fait qu’empirer ces dégâts. 

 

Nous avons évidemment voté contre les tarifs de toutes les formations proposées.

 

Un nouveau bâtiment pour dépenser les millions de Sciences Po Lille !

 

Depuis l’année dernière, et comme nous vous l’avions déjà présenté dans un précédent compte-rendu, l’IEP chercher à acquérir un nouveau bien immobilier afin de “continuer de se développer”. Dans les faits cela permet surtout de dépenser les fonds qui, dormant sur le compte bancaire de l’IEP, pourrait donner envie de donner à l’Etat de se servir dedans, comme il l’a déjà fait par le passé en prenant 500 000 euros à l’IEP. 

Le projet nous avait dans un premier temps été présenté comme un nouveau bâtiment permettant de développer la vie associative de l’IEP, sous la forme d’une sorte de “maison des associations”. Monsieur Mathiot avait par exemple évoqué une salle pour l’orchestre et de nouveaux locaux associatifs. Son discours avait progressivement évolué, et finalement ce nouveau bâtiment a été présenté comme étant destiné à la formation continue et aux conférences. Un projet qui ne bénéficie donc que très peu aux usagère-e-s et qui n’est là que pour le “rayonnement” de l’école et afin de proposer toujours plus de formations continues payantes. 

La direction avait dans un premier temps porté son intérêt sur un bâtiment situé Boulevard de la Liberté, mais le CA a finalement voté un mandat pour que Sciences Po se porte acquéreur d’un bâtiment situé au 16 rue d’Inkermann. Ainsi, le CA a voté pour le déblocage des 1 235 000 euros nécessaires à l’achat de ce bien entièrement à rénové, destiné donc à contenir la formation continue, de nouveaux bureaux, ainsi que la “maison de l’Europe”. 

 

Nous nous sommes logiquement opposé-e-s à ce projet qui ne bénéficie aucunement aux étudiant-e-s et qui n’a été voulu que pour éviter de se faire saisir de l’argent par l’État.

 

Point sur le projet de fusion Lillois, l’Établissement Public Expérimental (EPE) :

 

Un point d’information a été fait sur le projet d’Établissement Public Expérimental. Ce projet vise à regrouper l’Université de Lille est certains instituts universitaires de Lille comme l’École Supérieure de Journalisme, Centrale Lille ou L’IEP. Nous n’avons pour l’instant peu d’informations sur ce que cet EPE sera concrètement, il s’agirait d’un transfert de certaines compétences à une échelle supplémentaire sans pour autant perdre toute forme d’indépendance. Ce projet pose énormément de questions tant Sciences Po pourrait se retrouver “écrasé” au sein de l’EPE, ce que fait remarquer le directeur des relations internationales de l’IEP, Patrick Mardellat. Les négociations ont aujourd’hui lieu notamment entre les différents campus de l’université. Un CA extraordinaire devrait être convoqué bientôt pour voter la mise en place de cet EPE. Ce projet pose 

 

Nous restons bien sûr extrêmement attentif-ve-s à ce genre de projet qui, dans la plupart des cas, ne vise pas vraiment à renforcer les liens entres les instituts universitaires mais plutôt à faire des plans de coupes budgétaires massives comme cela a été le cas avec la fusion de l’université de Lille il y a quelques années.

 

Une présentation des Bilans Sociaux (enfin !) :

 

Les bilans sociaux ont enfin été présentés avec trois années de retard et suite à nos nombreuses demandes. Ce document est intéressant et contient de précieuses informations sur la vie de l’IEP et ses conditions de travail. Nous avons fait une remarque sur les délais de présentation (plus de trois ans !) et sur la mise en forme du document (un seul document pour trois années) afin qu’une telle situation ne se reproduise, on l’espère, plus jamais.

 

Une extension du vote en ligne :

 

Il est proposé d’ajouter au statut de Sciences Po Lille la possibilité de voter par voie électronique lors des élections  professionnelles (cela étant déjà possible pour les élections étudiantes). Nous profitons de l’occasion pour demander comment sera organisée l’équité du vote lors des élections étudiant-e-s, le vote par voie électronique permettant de nombreuses fraudes. Monsieur Mathiot explique qu’une sorte de commission électorale avec des personnes de chaque liste sera mise en place après l’élection afin de veiller à son bon déroulement.

 

Nouveau calendrier pédagogique et modification du règlement des examens :

 

Nous avons eu l’occasion lors de ce CA de voter le nouveau calendrier pédagogique de l’année. Comme nous l’avons réclamé toute l’année dernière, celui ci rétablit bien heureusement la semaine de révisions avant les partiels du 1er semestre pour le 1er cycle.

 

Il nous a également été soumis une modification du règlement des examens contenant des dispositions pour l’étendre aux examens en ligne. Étant opposé-e-s aux examens en ligne, nous avons voté contre cette modification.

 

Convention avec l’association sportive (BDS) :

 

La convention de l’IEP avec l’association sportive (le BDS) est présenté. Suites aux discussions que nous avons pu avoir notamment l’année dernière, nous avons rappelé l’utilité primordiale de la pratique de l’ouverture sportive et de sa nécessité d’être accessible à toutes. Nous avons fait remarquer que Sciences Po devrait financer le sport comme il se doit notamment via l’engagement de professeur-e-s de sport, les cours reposant aujourd’hui sur le travail gratuit d’étudiant-e-s et sur celui, précaire, d’étudiant-e-s en STAPS. 

Monsieur Mathiot a expliqué que l’AS coûte aujourd’hui plus d’argent que lorsque le sport était proposé par l’IEP, que les étudiant-e-s STAPS sont bien payés et donc que cela n’entraîne pas d’emplois précaires. 

Nous avons décidé de nous abstenir.

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