Compte-Rendu du Conseil d’Administration de Sciences Po Lille du 18 juin


Avec un peu de retard nous vous présentons un compte-rendu de ce qui a été dit et voté au Conseil d’Administration (CA) du 18 juin qui concernait notamment la rentrée, mais aussi l’acquisition d’un nouveau bâtiment par l’école et un point d’avancement sur la réforme des masters. Nous y intégrons aussi les informations obtenues lors d’une réunion spécifique sur la réforme des masters faite le 6 juillet. Bonne lecture !

 

Une rentrée confuse et pleine d’inconnus : 

 

Le premier sujet a bien sûr été celui de l’organisation de la rentrée dans ces conditions sanitaires exceptionnelles. Si M. Mathiot a pu se féliciter de sa gestion de la crise jusque là, assurant que les mémoires et l’ouverture de la BU se sont bien passés, le futur est pour le moins incertain.

Ainsi, aucun vote n’a été fait sur le sujet, la direction jugeant qu’il était impossible de prévoir autant à l’avance ce qu’il se passerait en septembre. L’épidémie ainsi que les directives du ministère évoluent en effet constamment. Néanmoins la direction travaille sur différents scénarios de rentrée, très perturbée ou plus normale, ces scénarios seront à valider quelques jours avant septembre par rapport aux évolutions du moment. Face à ces risques, la direction a choisi d’anticiper dans tous les cas une rentrée dégradée afin de ne pas être trop surprise en cas de reprise de l’épidémie.

 

Des masques lavables ont été achetés pour toutes et tous les usager-e-s et seront distribués dans le kit de rentrée avec du gel hydroalcoolique. Les systèmes de séchage de main, nids à bactéries, seront démontés. Un système de signalétique avec des affiches et des kakémonos sera mis en place. Deux décisions restent encore en suspens cependant : est-il nécessaire de rendre obligatoire le port du masque dans l’école et/ou de créer un sens de circulation dans celle-ci ?

Outre cela, les dates de pré-rentrée et de rentrée sont maintenues comme prévues. La conférence de rentrée se fera d’ailleurs avec un médecin du CHU de Lille sur le thème de la gestion de la crise du COVID (évidemment elle sera diffusée à distance). L’école va également demander aux bureaux de limiter les soirées, WEI et autres événements festifs mais assume ne pas pouvoir tout contrôler, il en sera donc de la responsabilité des associations.

 

“Se protéger de l’avidité de Bercy” : Comment dilapider les fonds de son IEP en projet immobilier inutile, par Pierre Mathiot :

 

Depuis le Conseil d’Administration de Mars déjà, le directeur nous avait présenté un vague projet d’acquisition d’un bien immobilier quelque part autour de Sciences Po Lille. Son projet a été maintenant concrétisé pour acheter un bien a priori à la fin du Boulevard de la Liberté pour un total de frais d’environ 2 millions d’euros. 

La question immédiate est bien sûr “pourquoi faire ?” : sachez qu’en Mars M. Mathiot disait envisager d’y créer une maison des associations, ou alors d’y déplacer un service administratif pour libérer de la place dans le bâtiment principal. Il s’agissait alors de projets qui paraissaient un minimum utiles pour les étudiant-e-s. Le revirement de situation a donc été total lors de ce CA, le projet s’étant transformé en niaise “Maison de l’Europe” qui cache un bâtiment destiné à la formation continue et à “consolider le rôle de Sciences Po Lille comme plateforme scientifique” notamment en mettant en valeur ses partenariats avec les grandes écoles lilloises. Rappelons que la formation continue est une absurdité dans l’enseignement supérieur qui demande à payer des sommes colossales pour se former dans un établissement public, c’est aussi une part des revenus de l’établissement qui prend de plus en plus de place et qui a vocation de continuer à s’élargir. Quant au rôle scientifique de Sciences Po Lille nous doutons que le fait d’inviter le plus de conférencier-e-s célèbres possibles constitue une activité scientifique digne de ce nom. Les chercheur-euses de l’IEP de Lille sont lié-e-s au CERAPS, laboratoire de recherche de l’ex-Lille 2, alors si ce bâtiment doit devenir un outil scientifique il devrait au moins d’accueillir des locaux du CERAPS, ce n’est pourtant pas ce qui est aujourd’hui à l’ordre du jour.

 

Ce projet-vitrine dont nous ne voyons pas l’intérêt cache en fait une volonté beaucoup moins dicible publiquement. Cette dépense de 2 millions d’euros sert en fait plutôt à contribuer à vider le fonds de roulement de l’IEP (sa réserve d’argent, pour faire simple) qui est aujourd’hui de 4 millions d’euros. Le problème est en effet que les établissements publics ne sont pas censés se reposer sur des réserves d’argent aussi immenses : ils ne sont pas censés faire du profit ! Or, l’IEP avec ses 4 millions d’euros est bien au dessus de la limite prudentielle conseillée pour l’établissement, ce qui l’expose à ce que l’Etat aille piquer dans les caisses de l’IEP pour le soulager de ce trop plein de fonds. Ce prélèvement par l’Etat est déjà arrivé par le passé à l’IEP de Lille (plus précisément en 2015, à hauteur de 500 000 euros) et c’est ce que M. Mathiot craint par dessus tout. Nous avons pu l’entendre le 18 juin dire qu’il voulait :

“Se protéger de l’avidité de Bercy”

 

M. Mathiot si vous ne voulez pas encore une fois vous exposer à ce risque la solution est simple, il suffit de revoir le financement de l’IEP en baissant les frais du concours et de l’inscription. A toute fin utile, nous rappelons que 2 millions d’euros équivaut à un an de frais d’inscription payés de la poche des étudiant-e-s.

Nous avons été les seul-e-s à voter contre ce projet.

 

Un point sur la réforme des masters :

 

Le CA a aussi été l’occasion de faire un point d’étape sur la réforme des masters, complété par une réunion avec les élu-e-s étudiant-e-s en juillet. Celle-ci a avancé convenablement malgré le confinement et est dans les clous prévus. La liste des formations telle que présentée plus tôt dans l’année est maintenant finalisée à la différence que la division prévue entre les deux “branches” de SIGR n’a finalement pas été actée. Le travail porte maintenant plutôt sur les maquettes qui sont en train d’être travaillées et qui doivent être finies au maximum pour octobre afin de faire voter la réforme au Conseil d’Administration de Décembre. La rentrée sera aussi l’occasion pour l’administration de commencer sa communication autour des masters pour les 3A mais aussi vers l’extérieur pour recruter des 1A et des 4A en Entrée Directe. Il y aura d’ailleurs une quarantaine d’Entrée Directes en plus pour remplir les places créées par les nouveaux masters.

Les transverses (des sortes de mineures communes à tous les masters, il sera obligatoire d’en choisir une) ont été retravaillées, elles sont maintenant au nombre de 6 : Europe, Enjeux Environnementaux, Espace Intégré Asie-Moyen-Orient, Etat et Services publics, Manager Aujourd’hui et Genre.

Des réunions ont également été faites sur 4 sujets particuliers : 

– Les langues pour lesquelles pas grand chose ne change mais où les cours thématiques seront priorisés.

– L’insertion professionnelle, des heures dédiées au projet professionnel seront présentes dès le S1 dans tous les masters.

– Le Grand Oral, qui n’est pas supprimé à notre grande déception mais qui se tiendra désormais pour celleux qui ne sont pas en alternance après les vacances de la Toussaint en 5A. Son format sera largement laissé à la liberté des directeur-ices de master.

– Les concours, la volonté de préparer aux concours est affichée mais rien n’est encore définitif. La préparation aux concours sera importante en Affaires Publiques.

 

Le principal point négatif que nous dénonçons est l’absence de nouvelles procédures pour au moins réduire la sélection. Celle-ci se fera donc sur dossier de la même manière que maintenant, la seule initiative envisagée serait d’affiner le dossier de demande…

 

Admissions : nouvelle voie sélective pour les étudiant-e-s étranger-e-s et visage de la prochaine promotion :

 

Une nouvelle voie d’admission en 1A pour les étudiant-e-s étranger-e-s a été présentée et votée lors de ce CA. Il s’agit de faire entrer 5 étudiant-e-s étranger-e-s en filière générale par une procédure parallèle au concours, sans pour autant supprimer des places du concours. Le principe est de ne pas recruter des étranger-e-s résidant en France depuis longtemps ou ayant fait des lycées français, et qui passent donc par Parcoursup, mais des étranger-e-s sans aucun diplôme français, qui ne peuvent donc pas passer par Parcoursup et pour qui le concours peut être plus difficile qu’une personne pour laquelle le français est la langue d’instruction.

Le problème pour nous réside dans la solution trouvée au remplacement du concours : il s’agit d’une sélection sur dossier complétée d’un oral, de la même façon que les doubles-filières. Ce type de sélection présente donc les biais constitutifs à toute sélection dans l’enseignement supérieur : elle va favoriser les plus aisé-e-s et déjà avantagé-e-s par le système. C’est pourquoi nous nous opposons à toute sélection dans l’enseignement supérieur et à Sciences Po Lille. En revanche, nous étions d’accord avec le principe d’ouvrir ne serait-ce qu’un petit peu plus largement l’école aux étudiant-e-s étranger-e-s. Nous nous sommes donc abstenu-e-s sur le vote et nous serons de plus particulièrement vigilant-e-s aux frais d’inscription appliqués à ces étudiant-e-s. Nous rappelons d’ailleurs que les étudiant-e-s chinois-e-s entrant en 4ème année payent toutes et tous, peu importe leurs revenus, la tranche maximale des frais d’inscription, ce contre quoi nous continuerons de lutter.

 

A titre d’information, plusieurs statistiques sur la prochaine promotion 2025 sélectionnée sur dossier nous ont été aussi communiquées :

– Les prochain-e-s arrivant-e-s sont à 75% des Bac+1 malgré l’interclassement des Bac+1 et Bac+0 dans le classement général.

– 70% sont des femmes, ce qui équivaut au pourcentage habituel de candidates mais est beaucoup plus élevé que le pourcentage de femmes réellement admises généralement qui est aux environs de 55%.

– Le nombre de boursier-e-s devrait a priori être exceptionnellement élevé grâce à la règle qui impose aux formations sur Parcoursup de recruter 10% de boursier-e-s du secondaire (équivalant à des boursier-e-s échelon 5, 6 ou 7 dans l’enseignement supérieur) alors que ce taux est habituellement de 4/5% parmi les admis-e-s.

– Enfin la promotion n’a jamais été aussi “locale” puisque 50% des admis-e-s sont aujourd’hui scolarisés dans les Hauts-de-France.

 

Mise au point sur la note E et quelques autres changements du règlement des études :

 

Nous avons enfin pris une intervention à la fin du CA pour alerter sur des problèmes concernant l’attribution des notes E (anciennement F) cette année encore. Pour rappel, la note E ne devrait être décernée qu’en cas de copie blanche, insultante, de plagiat ou de fraude, elle envoie immédiatement aux rattrapages dans le cours où elle est décernée. Ces critères ont cette année été précisés dans le règlement des études, limitant alors l’arbitraire de la distribution des anciens F et ces règles a été publicisées lors des différentes réunions de rentrée et des premiers cours du premier cycle. Pourtant, des E ont été donnés pendant les partiels qui ne correspondent à aucune des situations suscitées. Devant notre interrogation à ce sujet, la direction explique alors que ces règles ne servaient qu’à valeur d’exemple et que d’autres situations pouvaient mériter un E. Cela entrant en contradiction avec ce qui avait été dit à la dernière rentrée nous avons donc demandé des re-précisions sur la notation qui seront faites.

 

Quelques autres changements ont été apportés au règlement des études, permettant notamment un 1er semestre de 3A aménagé lors de la prochaine année universitaire, étendant les notes par lettres aux 4ème année ou pérennisant la possibilité d’organiser des alternatives aux examens en présentiel en cas de force majeur. Nous nous sommes abstenus sur ces changements, étant toujours en opposition avec la possibilité d’organiser des examens en ligne.

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