L’IUT de Roubaix veut ses étudiant.e.s parti.e.s en Erasmus ; ils et elles se battent


Les étudiant.e.s de l’IUT de Roubaix revenu.e.s d’un semestre en Erasmus sont en colère : ils et elles s’attendaient à avoir de bonnes notes ( un 3/10 en Espagne équivalent à un 11/20), surtout que les autres étudiant.e.s parti.e.s l’année précédente leur avaient expliqué que les notes étaient augmentées par l’IUT pour qu’elles soient équilibrée avec celles obtenues par les étudiant.e.s restées en France.

Seulement la méthode de notation a changé cette année, et ils et elles ne l’ont appris qu’en ayant leurs notes, il y a quelques jours. Un 3/10 vaut maintenant un 8/20. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’IUT a décidé d’appliquer la méthode de conversion officielle, apparemment recommandée par la Charte Erasmus. La méthode a changé depuis 2015 pour devenir une « distribution statistique », seulement l’IUT ne savait pas vraiment comment appliquer cette méthode, qui en fait n’est pas vraiment disponible… Bref un gros flou qui dit ceci : après des années d’illégalité, pendant lesquelles le responsable des relations internationales notait de manière discrétionnaire, la directrice s’est enfin décidée à appliquer une des méthodes recommandées par l’Europe, et ce sans en avertir les étudiant.e.s avant, pendant ou après leur mobilité.

Il a fallu que les étudiant.e.s concerné.e.s, soit tou.te.s celles et ceux parti.e.s en Erasmus le semestre dernier, demandent une réunion pour que leur responsable de pôle, la nouvelle responsable des relations internationales et la nouvelle directrice, leur donnent des explications.

Le système de conversion serait donc celui-ci : en se basant sur les notes de la promotion restée en France, on détermine 6 catégories allant de A à F, qui regroupent : A= 10% meilleurs de la promotion, B= 25% meilleurs, C= 30%, D=25%, E= 10% et F = ceux qui n’ont pas validé leur semestre donc les notes, cette année, allaient de 3 à 9,96. Grace à un système sorti on ne sait d’où, l’IUT décide ensuite qu’un 9 en Espagne vaut par exemple un A, et converti donc la note de l’étudiant.e en Erasmus en la replaçant par la moyenne obtenu par le groupe A. Si par exemple la moyenne de toutes les notes obtenues par les 10% meilleurs de la promotion est équivalente à 14, même un étudiant qui aura eu 10/10 en Espagne n’obtiendra que la note de 14.

Quand nous leur avons demandé où se trouvait cette méthode de notation, elles ont commencé à nous montrer la charte Erasmus, où nous n’avions rien trouvé, puis sont passées à autre chose ; nous laissant sans réponse. Voici ce que nous avons trouvé :

 

 

Au-delà de l’application même d’un système de conversion contestable et trop complexe, le problème est surtout que l’école n’a pas informé les étudiant.e.s.

Or l’article 18 de l’arrêté du 3 août 2005 relatif au diplôme universitaire de technologie dans l’Espace européen de l’enseignement supérieur et la circulaire de 2000 relative à l’organisation des examens dans les établissements publics de l’enseignement supérieur stipulent que l’étudiant.e doit avoir eu connaissance des modalités de contrôle de connaissance qui doivent être rendues publiques. La Charte Erasmus stipule que « chaque établissement devrait avoir mis en place un cadre de reconnaissance, expliqué et publié sur son site Internet, et présentant les conditions, les modalités et les pratiques des procédures de reconnaissance ».

A cela, les responsables de l’IUT n’ont pas su répondre si ce n’est la responsable Erasmus qui a rappelé avoir envoyé un e-mail demandant aux étudiant.e.s de travailler… et la responsable de pôle de rétorquer que les étudiant.e.s devraient travailler à leur maximum quel que soit le système de notation. La classique rengaine visant à culpabiliser les étudiant.e.s en les rendant seul.e.s responsables de leur réussite scolaire. Ce à quoi les étudiant.e.s ont répondu qu’iels ne seraient sûrement pas parti.e.s en Erasmus sachant cela.

Car en effet, le semestre durant lequel ils et elles sont parti.e.s ( le S3) est décisif puisque l’année prochaine iels quittent l’IUT pour des écoles ou universités qui les recrutent sur dossier…dans une semaine. Leurs notes du S3 est donc décisive puisqu’ils et elles devaient rendre leur dossier de candidature à des écoles ou facs vendredi dernier (le rendez-vous avec la direction et les responsables étaient le lundi d’avant, le 19 mars).

Ce que n’a apparemment pas compris la directrice qui tient absolument à ce que ce soit le jury qui remonte leurs notes, à la fin de l’année. La proposition de rendre un devoir ou de passer un oral de rattrapage (le rattrapage n’existe pas à l’IUT car iels n’ont que du contrôle continu, ce qui n’était pas le cas en Erasmus) ayant été écartée immédiatement, malgré nos explications de la partialité et la discrétion que constitue un jury. Elle a promis d’écrire une lettre aux écoles expliquant leur méconnaissance du système de notation et de remonter les notes à la note supérieure (transformer un 6,3 en 7). Maigre consolation puisqu’elles affirment ne rien pouvoir faire pour celles et ceux qui n’ont pas validé leur semestre.
Après avoir répété en boucle aux étudiant.e.s qu’elles étaient désolées pour eux et comprenaient, il a finalement été décidé que la directrice convoquerait un jury à la fin de la semaine, avant le dépôt des dossiers de candidatures. Mais les étudiant.e.s étaient sceptiques quant à sa faisabilité.

Finalement, le rendez-vous qu’ont pris les étudiant.e.s avec les responsables, auquel une de nos militantes les a accompagné.e.s aura porté ses fruits, puisqu’un jury a bien été convoqué pour celles et ceux qui n’avaient pas validé et des lettres de recommandation auprès des écoles ont été faites. Tou.te.s les étudiant.e.s ont donc validé leur année, grâce à leur détermination et leur prise en main du « dossier ».

Cependant, après avoir bien expliqué qu’elles respectaient la loi et ne pouvaient pas « rajouter des points comme ça » contrairement à ce qui a été fait les années précédentes, les responsables n’ont rien dit quant à la publicisation des méthodes de notations en rentrant d’Erasmus. Respecter la loi, oui mais petit à petit, car ce n’est pas si facile pour des personnes qui n’en ont pas l’habitude.

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