Comme chaque rentrée sur Lille, les logements font défaut !


Depuis la création d’une structure SUD étudiant sur Lille en 2003, nous avons à chaque rentrée universitaire cherché à aider les étudiant-e-s en difficulté de logement.

Et cela n’est guère évident, nous ne possédons bien sûr aucun logement, notre action face à ce problème mérite quelques éclaircissements car elle est plurielle.

  • aider les étudiants directement concernés, dans la limite de nos possibilités.
  • informer le grand public sur la situation révoltante constatée à chaque rentrée : étudiants SDF, logements insalubres, escrocs qui profitent de la naïveté des étudiants désespérés et leurs volent leurs économies…
  • organiser les étudiants afin de lutter ensemble pour obtenir des mesures d’urgence et des solutions durables.

Très vite en tentant de venir en aide aux personnes concernées on s’aperçoit de leur grande surprise face à la situation qu’ils rencontrent. Beaucoup d’étudiants dont la famille habite la région renoncent bien vite au logement à proximité de leur lieu d’étude qu’ils avaient initialement imaginéq et se résignent à faire chaque jour 1h30 à 2h de route chaque jour, avec les conséquences que cela a sur les études. Mais ce logement qui est pour certains simplement un moyen d’étudier dans des conditions correctes prend une dimension bien plus grave pour tout ceux pour qui cette possibilité est exclue. Il y a les étudiants venant d’autres régions de France, ceux en rupture avec leur famille, ceux qui viennent d’autres pays…

Pour tant d’entre nous ce logement est vital : Septembre en plus de signifier la rentrée marque aussi le retour progressif du froid et bien souvent faute d’avoir pu trouver une place dans l’auberge de jeunesse pleine dès la mi-septembre et avoir du renoncer aux hôtels en raison du prix de la nuit, c’est dans la rue que cette première nuit sur Lille nous l’avons passés.

En théorie, pour les étudiants « socialement défavorisés », il y a le CROUS qui est censé se charger de l’hébergement, mais comme il le dit lui même, il n’a pas vocation à loger tous les étudiants, et quand bien même il en aurait la volonté, cela lui serait impossible, alors même que ces 40 dernières années ont vu le nombre d’étudiants croitre de façon considérable (on parle parfois de démocratisation de l’enseignement supérieur pour qualifier le phénomène), le nombre de chambres CROUS n’a quasiment pas changé. Au point que pour l’académie de Lille le CROUS ne dispose que de 9300 chambres, une goutte d’eau.

Le CROUS est pourtant la meilleure solution de logement qui s’offre à l’étudiant de condition modeste. On sait que le logement représente souvent la moitié du budget de l’étudiant, les logements aux prix régulés du CROUS qui avoisinent les 150 euros même si ils restent élevés pour un budget d’étudiant sont bien confortable comparés aux 350 à 500 euros que doit débourser mensuellement un étudiant pour un appartement dans le parc privé. Les besoins en logement CROUS sont immenses mais la volonté politique nécessaire à la construction fait défaut depuis plus de 30 ans malgré les nombreux rapports et le travail de sensibilisation du grand public fait par les syndicats étudiants. Pour répondre au besoins réel en logement CROUS c’est selon les estimations les plus basses 1 chambre CROUS pour 3 étudiants qu’il faudrait construire pour résoudre le problème (certains étudiants vivent à une relative proximité de leur lieu d’étude, d’autres ont des revenus qui leur permettent de louer des appartements plus spacieux que les standards du CROUS), des estimations plus sociales parlent plutôt d’1 chambre pour 2 étudiants.

La situation financière est le principal paramètre qui conditionne la poursuite d’étude, un parc CROUS à la hauteur des besoins est donc une nécessité fondamentale pour permettre une véritable mixité sociale au sein de l’université. Bien sûr il convient aussi d’améliorer les revenus des étudiants mais ce point ne sera pas abordé ici.

En aucun cas le parc privé ne peut être une solution de remplacement pour ces étudiants : non seulement ces étudiants sont frappés de plein fouet par la hausse des loyers mais cette importante population étudiante mal informée sur ces droits, peu exigeante et souvent prise par l’urgence accepte des loyers trop élevés qui poussent à la hausse l’ensemble des loyers. Un transfert d’étudiants du parc privé vers le parc CROUS aurait pour effet de baisser le niveau général des loyers et pousserait les propriétaires à la rénovation des logements insalubres qui malgré la loi sont loués.

Il faut aussi comprendre que le marché du logement étudiant est un secteur particulièrement lucratif pour les propriétaires. Le faible niveau d’exigence de la population étudiante permet de louer des appartements de taille très faible, parfois même inférieure aux 9m² légaux, des logements tellement humides que même en aérant quotidiennement livres et vétements moisissent … Ils peuvent exiger des étudiants des cautions indécentes, une pléthore de garants avec en prime les APL des locataires. En raison de ce juteux marché on voit se développer de plus en plus des résidences privées aux portes des campus qui profitent à s’en gaver de ces clients facilement extorquables.

En réaction aux carences actuelles du CROUS certaines personnes avec de sincères bonnes intentions tentent de rendre un peu moins difficile la situation, on peut par exemple citer la toute jeune association Génération Solidaires qui tente de loger des étudiants chez des personnes âgées. Cette tentative bien que très positive reste toutefois limitée, elle n’est en mesure d’avoir que de faibles effets, des études sur des expériences similaires ayant montré les limites de cette démarche. Cela ne remplacera jamais une résidence CROUS.

Ainsi, nous demandons :

  • un plan d’urgence pour l’ensemble de la population étudiante mal logée.
  • un plan de construction massif de logement CROUS.
  • un service public de la caution.
  • un encadrement légal des exigences en matière de garant et un garant institutionnel pour ceux qui ne peuvent en disposer.
  • un développement des contrôles de salubrité des logements.
  • l’application de la loi de réquisition des logements vides (certains spéculateurs préfèrent ne pas louer pour faire monter les prix).

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