IEP / Absentéisme : faux problème et fausse solution


Cet article reprend en partie l’article de juillet 2013 : http://www.sudetudiantlille.org/2013/07/iep-etudiants-ne-soyez-pas-trop-malades-et-plein-dautres-infos-sur-des-modifications-prevues-du-reglement-des-etudes/

Les élus étudiants ont encore été réunis par la direction début septembre pour justifier les modifications du règlement des études, qui sera voté ce mois-ci. La question des « absences » a occupé l’essentiel des débats.

Tout le monde sait que le système des absences injustifiées tolérées (4) est inefficace et discrétionnaire : certains ont un peu plus et passent quand même en première session. Le personnel, excédé par la masse de  » faux  » certificats médicaux et autres justifications, souvent bidons, a fait savoir sa colère. A juste titre ! Rappelons que, du fait du manque de postes de personnels non-enseignants, le personnel de l’IEP de Lille se donne à fond ou est surexploité (selon les interprétations). Le personnel est malheureusement souvent déconsidéré par certains étudiants qui agissent en « clients ».

Le système actuel est donc un problème. Mais la solution proposée est loin d’en être une. On passe de 4 absences « injustifiées » tolérées à 3 (avec donc les mêmes problèmes pour les personnels). Mais, en plus, un étudiant de master ne peut être absent à plus d’1/3 des séances d’un cours (confs de méthode ou équivalents) sous peine de passer aux rattrapages … que les absences soient justifiées ou non! Bref on a le droit d’être malade, salarié, hospitalisé ou élu étudiant … mais pas trop. Rappelons qu’en parallèle, il n’existe aucun statut d’étudiant salarié à l’IEP.

Le contrôle des absences est, globalement, une mauvaise solution. Défendre le système actuel c’est illogique (il ne marche pas) et insultant pour les revendications légitimes des personnels ainsi que des enseignants. Le contrôle des absences est selon nous inutile : les étudiants absentéistes sont déjà de fait perdants aux partiels. C’est une démarche de déresponsabilisation tant des étudiants que des personnels : sanctionner les absentéistes c’est aussi marquer une rupture, un échec dans l’échange de savoir. De plus quelque soit le système, les personnels restent obligés de comptabiliser les absences : une lourdeur en terme de travail dont ils pourraient bien se passer en raison des sous-effectifs.

L’enjeu n’est pas seulement de faire rejeter la modification au CA mais de réfléchir à quoi sert ce système. En effet, sans régime spécifique (étudiant malade, hospitalisé, salarié…), tout système de contrôle des absences sera critiquable et néfaste car injuste pour ces étudiants. Est-ce qu’en supprimant ce contrôle, on aura beaucoup plus d’absences ? Pas forcément : regardez certains Amphis bien bondés. De surcroît, un tel système ne nous invite pas à nous interroger sur l’intérêt des étudiants pour l’enseignement dispensé, sur leur participation à l’échange de savoirs, sur la dynamique de débat et d’émancipation qu’il nous arrive de vivre en cours.

Le coeur de l’absentéisme réside, selon nous, dans la « mentalité de client » qui est introduite notamment par l’IEP. En mettant en place des frais d’inscription relativement élevé (et individualisés), en mettant en place des politiques de communication type « école de commerce », en cherchant à se différentier de « la fac » (à qui on demande des services de temps en temps quand même!) ou en se basant sur un recrutement par concours tout de même élitiste, l’IEP cultive l’idée d’un étudiant-client. Les divers aléas de la vie (obligation de se salarier, maladie…) font le reste.

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