Cela fait maintenant 5 ans que le syndicat SUD-Solidaires étudiant-e-s milite à l’IEP de Lille. Nous avons suivi l’évolution des décisions prises au sein du conseil d’administration, nous avons publié des articles sur nos positions, et mené des campagnes de mobilisation. Nous avons eu des années peu actives, nous en avons eu d’autres très remplies, où nous avons été jusqu’à bloquées un Conseil d’Administration et même l’école elle même. Des choses, nous en avons à dire.
Nous sommes fatigué-e-s et exaspéré-e-s de la manière dont est organisée et administrée notre école. Chaque année, nous subissons des conseil d’administration où les élu-e-s étudiant-e-s doivent écouter religieusement les décisions se prendre sans eux. Nous sommes condamné-e-s à suivre les directives prises par la direction, car, nous le rappelons, les étudiants ne représentent que neuf élu-e-s sur trente, nous nous savons donc en minorité.
On nous rétorquera que nous avons de la chance, car la représentation étudiante est plus important-e-s que dans d’autres établissements.
Nous ne sommes pas d’accord, tant sur notre manque de représentativité que sur les décisions prises presque sans débat par la direction. Nous refusons de suivre la politique de l’établissement qui nous rappelle au contexte économique et politique sans arrêt, qui se plaint que l’on soit pieds et poings liés, que l’État et la région sont condamnés à nous verser moins de subventions.
Pour une représentativité à notre hauteur :
Nous refusons notre manque de représentativité car nous sommes les premier-e-s concerné-e-s par les décisions de l’établissement. Nous rappelons à chacun-e que nous dépensons, pour beaucoup d’entre nous, une somme importante afin d’être diplômé-e-s de cette école. Nous y consacrons plusieurs années de notre vie, nous y passons nos journées. Ce diplôme va importer pour notre avenir et notre carrière. Certain-e-s d’entre nous ont déménagé et parcouru des centaines de kilomètres afin d’étudier ici. Nous avons parfois fait un prêt étudiant qui nous demandera plusieurs années de remboursement afin d’étudier ici. Nos frais d’inscription, payés par nous ou nos parents, représentent presque la moitié du financement de l’école (48%). Nous rappelons que Sciences Po Lille est composé de 1800 étudiant-e-s, moins de 50 enseignant-e-s titulaires, et une cinquantaine de personnels administratifs. L’école a besoin de ses étudiant-e-s et elle représente une part essentielle de notre vie, pour laquelle nous avons fait beaucoup d’efforts financiers et humains. Nous avons le droit d’être exigeante-s dans le déroulement de nos études. Vous comprenez maintenant que nous sommes sous représenté-e-s, et que nous laissons souvent l’enjeu de notre avenir dans les mains de personnes pour qui les décisions n’auront pas les mêmes conséquences que pour nous.
Et pourtant, nous sommes chaque année déçu-e-s par le manque d’écoute, par le mépris subi par les étudiant-e-s et par le nombre de décisions discrétionnaires qui sont prises par l’administration. En début d’année, la convention avec l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de Lille, permettant de faire sa 5A là-bas, a été supprimée sans que les étudiant-e-s en soient informé-e-s. Les maquettes pédagogiques sont défini-e-s sans que les étudiant-e-s puissent y prendre part de manière décisive. Les séminaires de master sont choisis par les responsables, et les étudiant-e-s peuvent parfois choisir des cours en 3ème années pour leur master qui auront changé d’ici là. L’enveloppe de la commission d’aide sociale et de la commission de vie associative, qui concerne entièrement les étudiant-e-s, n’est pas définie par eux même, seulement sa répartition.
Nous ne connaissons pas un-e étudiant-e qui soit satisfait-e à 100 % des décisions qui sont prises ici. Vous avez tou-te-s votre mot à dire sur les cours, l’organisation de la scolarité, le rapport entre enseignant-e-s et étudiant-e-s, les responsables pédagogiques, etc. Si nos positions et nos actions rencontrent des oppositions, elles restent cependant une part active de la démocratie dans notre école; nous ne visons pas l’hégémonie mais souhaitons construire une représentation plus égalitaire des étudiant-e-s et de leurs opinions au sein de Sciences po Lille. Notre syndicat est, et sera toujours, un espace accessible à tou-te-s pour penser l’enseignement supérieur mais aussi pour s’entraider dans les galères du quotidien.
Nous appelons de tout coeur l’ensemble des étudiant-e-s, en accord ou non avec nos idées, à se saisir des enjeux multiples de l’école et de l’enseignement supérieur plus généralement, et à agir pour que vos volontés soiet prises en compte de manière décisive par la direction.
Nous vous rappelons que nous avons des étudiant-e-s syndiqué-e-s à votre écoute, que notre syndicat est ouvert à tou-te-s et que nous disposons d’un site internet , d’une page Facebook, Twitter et d’un local où nous sommes prêt-e-s à discuter avec vous et à entendre vos propositions.
Une école défaitiste et résignée
Concernant les grandes lignes de la politique de notre établissement, c’est à dire le budget et le financement de l’école, nous sommes effaré-e-s. Chaque année, l’État et la Région menacent ou exécutent une réduction de nos financements. C’est une réduction générale dans une politique générale de rigueur, et en temps que grande école nous nous en tirons mieux que plusieurs établissements universitaires. Pour autant, cette tendance rend défaitiste la direction de notre école et a d’énormes conséquences sur notre fonctionnement interne : mise en place des frais d’inscription modulés, gel du nombre de professeur-e-s et donc d’étudiant-e-s, obéissance à un chantage mis en place par les financeurs de l’école, qui a mené à l’élection de Gérald Darmanin au Conseil d’Administration, d’après les arguments de la direction de l’école. Les Conseils d’Administration sont défaitistes, résignés, chacun semble se résoudre à accepter l’inévitable privatisation de l’École, même M. Lengaigne qui l’a déclaré lors du dernier Conseil d’Administration.
Nous sommes à chaque fois sidéré-e-s du paradoxe entre nos cours qui nous demandent de prendre du recul avec nos systèmes politiques et économiques et le fonctionnement de notre établissement. Pourquoi se résigner alors que l’école pourrait entamer une stratégie audacieuse et ambitieuse envers le gouvernement ? Alors que les étudiant-e-s ne pourraient-iels pas se mobiliser afin d’alerter l’État sur notre situation ?
Des initiatives de ce type existent, comme la CA de la faculté de la Rochelle qui a cette année voté contre le budget par exemple, pour les mêmes raisons qui nous font voter contre chaque année ( la réduction de la dotation de l’État).
Nous vous invitons donc tout-e-s, si vous en avez la possibilité, à agir pour rendre vos conditions d’études meilleures. Que ce soit dans une solution autogestionnaire comme nous le proposons ou bien autrement, vous méritez d’être exigeant-e-s, d’être ambitieux-ses dans vos demandes.