Ah joyeux compagnons qu’il est amusant d’aller au CRIT pour vaincre les équipes adverses ! Quelle saine émulation que la sensation de remporter le premier prix ! Mais quel dommage que seul-e-s les étudiant-e-s puissent y participer. Vous n’imaginez pas à quel point les professeur-e-s, les chercheur-se-s, les personnels etc… rêvent de pouvoir eux aussi se jeter dans une compétition salutaire !
Grâce à nos gouvernements c’est désormais possible. Nicolas Sarkozy l’a créé, François Hollande l’a poursuivi ! L’organisation du CRIT inter-Université-laboratoire de recherche-étudiant-e-s !
Les règles du jeu sont très simples :
- Déposer un dossier de candidature avant janvier 2015
- Plaire au gouvernement pendant toute la période de la compétition : création de la COMUE (communauté d’université et d’établissement), fusion des universités, acceptation des baisses de dotation
- Etre EXCELLENT-E !
- Etre MEILLEUR-E que les autres !
Si vous réussissez à remplir correctement ces critères et à passer les terribles phases de sélections alors vous gagnez le gros lot : 3.100 milliards d’euros !
Alors qu’attendez-vous ?! Jetez-vous dedans ! Répondez à toutes les demandes gouvernementales, écrasez les universités concurrentes, si vous ne voulez pas mourir asphyxié par un état qui ne vous donnera plus d’argent, au fin fond des oubliettes des mauvaises facs de France !
Mais ne vous inquiétez pas les ami-e-s, Lille n’a pas perdu de temps et est déjà engagée dans la compétition ! Nous sommes même en finale et l’IEP avec !
Eclaircissons un peu les choses : l’IDEX est un programme de financement de l’enseignement supérieur. Il s’agit d’une subvention importante mais qui n’est pas distribuée à toutes les universités. Elle est attribuée uniquement à celle dont le dossier est choisi par le Ministère parce qu’il est le plus « excellent » !
Pourquoi nous critiquons fermement ce dispositif ? D’abord sur le principe parce que les universités, les étudiant-e-s et les chercheurs n’ont pas vocation à être concurrent-e-s mais bien plus à construire quelque chose ensemble. La société est bien suffisamment concurrentielle pour que nous ne nous y mettions pas entre universités. Nous souhaitons que toutes et tous puissent étudier dans les meilleurs conditions possibles et pas qu’il n’y ait que les « excellents » qui aient le droit, ou plutôt le privilège, d’avoir un enseignement de qualité. Nous sommes contre le fait que se constituent des universités de pauvres, sous-dôtées, parce que non-excellentes et dont le niveau ne peut-être que faible parce que les moyens sont insuffisants. Et des universités de riches qui ne peuvent que devenir encore meilleures puisqu’elles seront bien subventionnées !
Rappelons que les différences de niveau aujourd’hui entre les universités et les écoles sont déjà créées par des différences de moyens…. On sélectionne déjà les plus riches pour les rendre encore plus riches et « excellents »
Quelle est la logique de l’Etat ?
Se désengager. L’Etat subventionne de moins en moins l’enseignement supérieur, il remplace donc des subventions à l’ensemble des universités par des subventions à seulement quelques universités. Les obligeant ainsi à se battre entre elle pour pouvoir survivre grâce à celles-ci.
En fonctionnant ainsi, l’Etat peut en profiter pour faire passer tout ce qu’il veut sans que le milieu universitaire réagisse. Il pratique un odieux chantage. Le jour où nous apprenions la baisse de dotation de Lille 2 de 8.7 millions d’Euros, son président Xavier Vandendriesch disait à Pierre Mathiot : « Le ministère m’envoie des messages subliminaux sur l’IDEX ». Comprendre : « Le ministre me fait comprendre que si je râle trop pour cette baisse de subvention ils ne nous donneront pas l’IDEX ! »
Voilà, chères ami-e-s comment fonctionne l’ESR public : concurrence, chantage et libéralisation. Aller ne vous inquiétez pas ! Lille va le gagner ce CRIT inter-FAC ! Les Grenoblois et les Aixois … s’en mordront les doigts !