Commission disciplinaire : peut mieux faire …


Lundi dernier, nous avons tous et toutes reçu un mail de Benoît Lengaigne, l’actuel directeur de l’IEP, nous annonçant qu’il allait « saisir la section disciplinaire de l’établissement » en réponse à « des messages intolérables [ont été] postés par plusieurs étudiants ce week-end sur les réseaux sociaux. »

Ce à quoi ce mail fait référence sont en fait des messages sur une page de memes sexistes ou perpétuant la culture du viol. Des étudiants ont, ce week-end, fait des blagues sur des viols lors du WEI ( week-end d’intégration), utilisant une image relevant de la culture du viol car illustrant une relation sexuelle violente. Deux d’entre eux se sont d’ailleurs excusés, suite à un rendez-vous lundi matin avec le directeur des études M. Benchendikh.

Mais ce genre d’excuses n’est pas suffisantes. Rappelons que les blagues et comportement sexistes ne sont pas apparus ce week-end. Cela fait des années que les divers réseaux sociaux internes à Sciences po Lille sont le lieu d’un déferlement de messages à caractère sexistes, empreints de culture du viol ou d’appel à la haine. Comme le rappelle le mail du directeur, c’est notamment pour lutter contre cela que la charte égalité de genres a été votée.

On pourrait dire, par ailleurs, que ce ne « sont que des mots » et que les auteurs ont été sanctionnés. Mais ces mots cachent les réalités bien concrètes, elles, de cas de harcèlement, de racisme, de sexisme, d’homophobie, d’agressions sexuelles et de viols qui ont eu et ont encore lieu parmi les étudiant.e.s de cette école. Même s’ils ne se déroulent pas nécessairement dans l’enceinte de l’établissement, ces violences sont le problème de tou.te.s. Et c’est aussi contre cela que la charte appelle à nous mobiliser.

Alors, si nous nous réjouissons de voir que la direction se décide (enfin) à prendre les devants dans ces cas de violences, ce n’est en rien suffisant.

En effet, il aura fallu trois ans à cette direction pour mettre en place la commission disciplinaire, alors que celle-ci est obligatoire et qu’elle avait été convoquée lorsque nous avions dénoncé les propos présents dans le livret du « ch’tit bizuth ».

Et pendant qu’un nombre restreint d’étudiants sont pointés en exemple, on oublie les dizaines d’autres cas d’agressions et on ferme les yeux sur les agissements des personnels et administrateurs. Pendant qu’on demande des excuses sur Facebook à des étudiants, des personnelles parties en congé maternité ne sont pas remplacées, des membres de l’administration sont poussé.e.s à la démission. Et la charte d’égalité de genre, à laquelle la direction se réfère si fréquemment, n’a toujours ni référent.e ni moyens.

Si la direction semble découvrir la « gravité de ces propos », nous les connaissons déjà, et les dénonçons depuis toujours. Il serait donc temps d’aller au-delà des simples déclarations ( puisqu’après tout « une charte ça n’engage à rien » selon notre directeur adjoint…) ou sanctions symboliques, pour doter la charte égalité de genres des moyens financiers et humains pour mener une réelle action de fond contre les violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur.

Nous saluons l’initiative de BCBG d’avoir lancé la page « Paye ton SPL », permettant ainsi de mettre en lumière les problèmes qui existent à l’IEP. La libération de la parole ne peut être qu’une bonne chose.

Sciences Po Lille est également un lieu anxiogène ou les violences symboliques et psychologiques sont nombreuses. Le nombre de dépression chez les étudiant.e.s, de burn out, et de congés maladies chez les personnels se multiplient également.

Nous exigeons :

– La nomination dès le prochain CA de le/la référent.e égalité.
– Une rémunération en conséquence ou une décharge horaire d’au moins 10H par mois.
– La systématisation de conférences obligatoires sur les questions d’oppression lors du SAS de rentrée.
– La réunion effective d’une commission disciplinaire sur ces questions-là.
– Le remplacement systématique des congés maternités et paternités.
– La mise en place d’une permanence d’un psychologue dans l’établissement.

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