IEP: Ce que nous devons retenir du dernier CA ( 29 février)


L’un des points à l’ordre du jour du CA qui s’est tenu ce lundi 29 février était la réforme du règlement du CA qui datait de 2008 et était obsolète.
Celle-ci s’est faite dans la précipitation et l’opacité, sans consultation étudiante. Les amendements avaient été écrits par le directeur et la DGS, selon lui parce qu’il avait été mandaté pour (alors qu’aucun vote ni discussion n’a eu lieu) Lorsque les élu-e-s étudiant-e-s proposèrent des amendements, ceux-ci furent traités à géométrie variable : ceux qui allaient dans le sens du directeur furent longuement examinés, les autres furent ignorés. Exerçant une relative influence sur les administrateur-trice-s, la direction, épaulée par les présidents de séance (Louis Dreyfus puis Michel Lascombe, en sa qualité de doyen, lorsque M. Dreyfus quitta la salle) distribua la parole de manière discrétionnaire, fit voter ce qu’elle souhaitait faire voter, ignora le reste. En somme, rien de bien différent du déni démocratique auquel le CA nous a habitué-e-s.
(par ordre chronologique)
Louis DREYFUS a été ré-élu président du conseil d’administration de Science-Po Lille, avec 25 voix pour, deux votes blancs et trois abstentions. Les élu-e-s SUD se sont abstenu-e-s car si nous reconnaissons la nécessité d’une modération des débats, nous nous opposons à la forme employée pour arrivée à cette fin, soit l’élection d’un-e unique président-e. De plus M. Dreyfus absent de la plupart des CA (comme toutes les personnalités extérieures), ne siège que pour son titre de directeur du monde.  Le manque criant de neutralité de Louis DREYFUS, durant la suite des débats, en particulier dans sa distribution de la parole, témoigne de ce biais.Enfin M.Dreyfus n’est pas nouveau dans le CA puisqu’il y était déjà présent dans la précédente mandature ou il s’est particulièrement distingué par ….. son incroyable assiduité. En effet il fut absent à la quasi totalité des Conseils d’Administration. 
Ce CA était également le premier CA de notre très cher « ancien » Gérald Darmanin, nous l’avons donc accueilli comme il le mérite par de très joyeuses chansons ! Nous avions ainsi décoré les couloirs autour du CA pour lui signifier à quel point il était le bienvenu dans son ancienne école. École qui dorénavant assume pleinement que le racisme fait partie intégrante de ses valeurs. 
* Le premier point à l’ordre du jour était le vote du compte financier de 2015.
Plusieurs administrateurs, notamment M. VANDENDRIESSCHE (président de l’Université Lille 2) dénoncèrent la baisse opérée par l’Etat sur le financement de fonctionnement global de l’IEP, à hauteur de 499 000 €. Cet évènement, ainsi que le coût du déménagement furent les raisons avancées par la direction pour justifier le déficit du budget de l’IEP de 2015 de près de 400 000 €.
Les élu-e-s SUD s’abstinrent de voter le compte financier, dans la mesure où il est demandé aux administrateur-trice-s de voter un document comptable, sans que ceux/celles-ci aient la possibilité d’en vérifier la véracité. Un-e élu-e SUD pris également une intervention pour signifier le manque de formation de l’ensemble des administrateur-trice-s sur la question. Les élu-e-s UP! votèrent contre le compte financier, par opposition à la ponction de l’Etat.
Le vote de ces documents financiers sont de peu d’importance : il s’agit d’un argent qui est de toute façon déjà dépensé, mais que la direction est contrainte de soumettre au vote du CA, par obligation légale.
Nous ferons néanmoins remarqué à quelle point il est cocasse de voir M. Vandendriessch dénoncer la baisse de la Dotation Général Financière de l’ETAT? Lui qui lorsque celle-ci est arrivée n’a osé que faire de timides déclarations pour faire savoir un mécontentement qui ne devait en aucun cas fâcher le gouvernement. Il était alors question à ce moment là de remporter l’IDEX , Saint Graal des universités publiques d’excellence ! Il est facile un an après la ponction de l’argent par l’Etat, et après avoir investi des centaines de milliers d’euros dans l’IDEX pour ne finalement pas l’avoir, de se faire passer dans les Conseils d’Administrations feutrés pour un grand résistant à l’austérité de l’enseignement supérieur. 
Nous félicitons donc également les élu.e.s Up! Pour leur même volonté de résistance à la politique d’austérité de l’Etat, il est simplement dommage qu’iels aient voté pour le placement de 700 000 euros sur le fond de roulement de l’IEP ces deux dernières années. Dommage, également qu’iels aient voté des budgets excédentaires, sur lesquels nous avons réalisé des profits grâce aux frais d’inscription…. Tout cela alors même que nous les avions averti-e-s en CA : continuez à faire des budgets excédentaires et à placer l’argent sur le fonds de roulement, vous ne faites qu’inciter le désengagement de l’état ! Ce que nous avions prédis arriva, et tou-te-s ensemble les élu-e-s pleurent désormais leurs regrettés milliers sans changer de politique globale. Oui il faut refuser les budgets et entrer dans un rapport de force avec l’Etat avant que celui décide de privatiser totalement l’enseignement supérieur et la recherche … 
* Le fonctionnement institutionnel était le second point à l’ordre du jour, et il fut l’objet de vifs débats. Il s’agissait de voter les réformes au règlement intérieur du CA. M. LENGAIGNE présenta sa position : faire du CA un lieu de discussion des orientations stratégiques de l’IEP, et évacuer les questions techniques. Un-e élu-e SUD pris la parole pour présenter la position du syndicat ; rendre le CA plus démocratique, qu’il implique plus les étudiant-e-s qui sont les premier-e-s concerné-e-s par ce qui s’y vote. Ce fut l’occasion de dénoncer l’inégalité de fait entre les administrateur-rice-s : si les amendements proposés par la direction avaient été transmis par e-mail aux administrateur-trice-s, cette même direction avait refusé de faire suivre par e-mail les 22 amendements proposés par SUD, si bien que les administrateur-trice-s en prenaient seulement connaissance au moment du CA, sans avoir pu les examiner au préalable.
* Il fut alors discuté de la confidentialité de certains débats. L’ensemble des administrateur-trice-s qui s’exprimèrent réfléchirent à la meilleure manière d’empêcher les élu-e-s d’informer les étudiant-e-s sur les sujets les plus épineux. Devant l’étonnement de certains administrateurs, en particulier M. LALLET, la direction épaulée par M. MATHIOT, convoqua une affaire vieille de 2 ans pour justifier la prétendue irresponsabilité des élu-e-s étudiant-e-s. Le zèle des élu-e-s UP! fut remarquable : ils et elles se firent les fervents collaborateur-rice-s de l’opacité du CA, en proposant dans un de leur 2 amendements que :
« Toute publication du procès-verbal ou d’un compte-rendu tiers avant approbation du Conseil de la séance suivante peut entraîner une sanction laissée à la discrétion du CA, dépositaire du pouvoir disciplinaire ».
Comble de l’audace : ceux-là même qui quelques mois auparavant faisaient campagne au nom de la « transparence » réclament avec enthousiasmes les têtes des élu-e-s SUD avec un amendement fait de manière assumée pour contrer ce qu’iels jugent la chose la plus choquante à l’IEP : le fait que nous publiions des compte-rendus de CA avant le CA suivant!
Notre crime étant d’avoir informé les étudiant-e-s de ce que le CA décidait, notamment avec l’argent récolté par les frais modulés dont ils et elles s’acquittent.
Pour notre part, nous nous sommes évidemment opposé-e-s vivement à ces propositions, estimant que la transparence n’est pas qu’un mot jeté en l’air en campagne électorale. La servilité de celles et ceux qui se targuent d’être « la majorité étudiante » fut d’ailleurs bien mal récompensée ; même la direction reconnut que le CA n’avait pas le droit de sanctionner des élu-e-s étudiant-e-s. En conséquence, M. LASCOMBE déclara que si des informations confidentielles étaient désormais dévoilé-e-s par des élu-e-s étudiant-e-s, la direction se chargerait de saisir la commission disciplinaire. Autant pour la démocratie. Vous pouvez compter sur vos élu-e-s SUD pour continuer à vous informer sur les dossiers dont on préférerait qu’ils ne s’ébruitent pas.
Et si nos élu-e-s, sous l’effet de la menace de sanction disciplinaire, viennent à ne plus pouvoir rédiger de compte-rendu, nous ne siègerons sûrement plus au CA, puisque nous avons clairement expliqué, lors de notre campagne et depuis des années, vouloir être présent-e-s au CA avant tout pour informer les étudiant-e-s de ce qu’il s’y passe.
Alors même que le conseil venait de passer vingt minutes à discuter de l’amendement de la liste UP!, pour savoir si on pouvait ou non punir des syndicalistes par un vote du CA à main levée, le sort réservé à nos amendements fut assez cocasse : ils furent ignorés. On ne daigna plus accorder la parole à nos élu-e-s, alors même que celles et ceux-ci étaient seul-e-s à la demander. Nos élu-e-s interpellèrent par deux fois le président du CA, questionnant le motif de ces inégalités de traitement. Le brave se borna à ânonner « On passe au point suivant. » « Point suivant ! »
Quel était donc ce fameux point suivant pour lequel Louis DREYFUS, sous le regard pressé du directeur, était devenu si enthousiaste d’aborder, malgré nos 22 amendements ?
* La mise en place de la commission disciplinaire, à laquelle un chapitre entier était réservé dans la réforme du règlement intérieur du CA. Le directeur expliqua les difficultés qu’il avait eu à réaliser cette commission, en particulier car la parité est exigée et qu' »il n’y a pas de professeur des université femme à l’IEP. » Ce fut l’occasion pour Pierre MATHIOT d’afficher son sexisme ordinaire en s’exclamant « Heureusement, hahaha ! »
Un problème demeurait cependant : l’imminence des élections du CAC de Lille 2, le 8 mars, qui rendaient impossible le fait de se tourner vers un organe qui allait être renouvelé d’ici une semaine. D’où le fait que le chapitre du règlement sur la commission disciplinaire ne fut pas voté. Le sera-t-il ? Rien n’est moins sûr, puisqu’il relève en majorité de la mise en application d’un décret.
* Le CA vota alors la délégation de nouveaux pouvoirs à M. LENGAIGNE, ce à quoi SUD s’opposa : le CA est une instance très peu démocratique, inutile de continuer dans la même veine en confiant des pouvoirs à une seule personne. 
Cela concernait notamment l’exécution de marché publics, l’attribution de subventions, l’exécution de marchés liés au déménagement. La mention fut ajoutée que cela devait se faire « dans les respect des procédures en vigueur », à la suite des interventions de la liste UP! Et de M. LALLET. 
Un exemple simple montre que cette mention laisse ouverte la porte à de nouveaux abus, en fonction de l’interprétation qui est faite de ce texte, qui constitue lui-même, il faut le rappeler, une « procédure en vigueur ».
Le texte suivant fut ainsi voté par le CA :
« Il est proposé au Conseil d’administration de déléguer au Directeur la décision d’attribution de subventions d’un montant inférieur à 23 000 € TTC, dans le respect des procédures en vigueur. Cela concerne principalement les subventions aux associations étudiantes, les subventions aux laboratoires de recherche, à l’association des diplômés, mais cela peut également concerner toute autre attribution de subvention. »
Non seulement les subventions attribuées en CVA ne seront plus votées en CA, mais le directeur pourra subventionner peu ou prou tout ce qu’il veut, sans vote du CA, et avec l’argent des étudiant-e-s, comme le rappelle la dernière phrase « mais cela peut également concerner toute autre attribution de subvention. » 
* Le CA fut alors informé de la participation de Sciences-Po Lille au Collegium des Grandes écoles, une association présidée par Pierre MATHIOT, qui regroupe les « grandes écoles » au sein de la COMUE pour faire valoir leurs intérêts commun. Nous étions prêts à voter contre, par opposition à l’élitisme d’une telle mesure, lorsque M. LENGAIGNE signala qu’il n’y aurait pas de vote sur ce document, qu’il était simplement informatif. Aucune justification ne fut avancée pour dépouiller le CA de sa souveraineté à décider de la politique de l’école.
* Ensuite, concernant le déménagement, le CA vota à l’unanimité de souscrire un abonnement de chauffage auprès de la société Résonor, après conseil de M. BATON, un administrateur chargé du déménagement.
* Le document suivant portait sur l’adhésion au pôle PETREL, vote sur lequel les élu-e-s SUD se sont abstenus, le syndicat ayant estimé qu’il manquait d’informations pour juger de la pertinence de cette proposition.
Le dernier document concernait une annexe du PEI, sujet sur lequel nous nous sommes également abstenus, le programme présentant des avantages (programme d’éducation) comme des inconvénients (programme « méritocratique »).
* Quelques reculs à retenir en conclusion, parmi les droits des étudiant-e-s, et pour lesquels on ne manquera pas de remercier les listes Up! et PE qui y ont apporté leur soutien: *
– De nouvelles délégations de pouvoir au Directeur, notamment celle de mener seul-e, à hauteur de 23 000 € TTC « toute autre attribution de subvention. » que celles aux associations étudiant-e-s qui nécessitent encore une CVA, mais ne seront plus votées dans le budget par le CA. Et d’où sortiront ces 23 000 TTC ? En majorité de vos frais modulés, bien sûr !
– La réforme du règlement du CA, qui s’est faite dans l’opacité, sur un coin de table, alors qu’elle eut nécessité un vrai débat de fond démocratique, AVEC les étudiant-e-s.
– La perspective de la commission disciplinaire pour les élu-e-s étudiant-e-s qui divulgueront aux étudiant-e-s des informations que le CA aura voté confidentielles

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